Hier soir, alors qu'il rentrait seul chez lui à la nuit tombée, un provocateur du nom de Christian Dupont, aurait rencontré un groupe de jeunes stigmatisés à la recherche d'une identité et d'une reconnaissance, qui n'osant probablement pas demander directement "Mais qui sommes nous et quelle est notre place dans une société contemporaine toujours plus frileuse et repliée sur des valeurs xénophobes qui créent chez nous un sentiment de mal vivre ensemble", ont simplement posé la question "vazy t'as pas une clope ?"
Sans bien prendre la mesure du malaise que cette phrase relativement anodine démontrait pourtant très clairement, Dupont aurait simplement répondu "non,désolé, je ne fume pas", déclenchant chez ses interlocuteurs une impression bien légitime de rejet.
Abandonnés par une école qui n'a plus de républicaine que le nom, trahis par les conseillères d'orientation, humiliés par des contrôles policiers stigmatisants, le groupe de jeunes, handicapés par le manque de vocabulaire dont ils ont été à coup sûr volontairement privés, ne sachant comment exprimer correctement leur déception ont alors choisi le langage du corps pour remplacer les mots qui auraient pu témoigner de leur douleur.
Christian Dupont, laissé assommé sur le trottoir après avoir reçu quelques coups de pieds et de poings habilement distribués par ces jeunes que même une société raciste et une école à cette image n'arrivent heureusement pas à priver de leurs qualités physiques de coordination des mouvements et de précision des gestes, a été hospitalisé.
Interviewé par sa belle soeur ( les journalistes étant tous occupés à autre chose) Christian Dupont a précisé qu'une voiture de police était passée pendant qu'il était en contact brefs mais répété avec quelques paires de Nike, et que les forces de l'ordre avaient fait "coucou" à la bande de jeunes.
L'oncle de Christian ayant demandé des précisions au commissariat, il lui fut confirmé que les jeunes en questions étaient bien connus des services de police, ce qui expliquait le petit salut de reconnaissance qu'on leur avait fait en passant.
Un élément d'extrême droite, à la recherche permanente de faits sensationnels dont il peut nourrir une population nauséabonde avide d'événements alimentant sa xénophobie et son rejet de l'autre, s'étant finalement intéressé à ce fait divers, et l'ayant fait paraître dans l'impressionnante liste déroulante qu'on peut lire sur un site épouvantable malheureusement trop visité, le ministre de l'intérieur a été contraint de donner son avis sur l'affaire.
Il s'est montré très rassurant :
"Christian Dupont n'étant pas musulman, cet incident n'est pas à mettre au compte de l'islamophobie. Christian Dupont, n'étant pas juif, on ne saurait parler d"antisémitisme. Christian Dupont étant de couleur beige légèrement rosé, nul racisme n'est à déplorer dans cette affaire.
Je déclare donc solennellement qu'il ne s'agit que d'un fait divers normal dont la banalité atteste le caractère tout à fait ordinaire et que par conséquent LA REPUBLIQUE N'EST AUCUNEMENT MISE EN DANGER.
Les faits ne seront donc qualifiés que de simple incivilité.
En effet : ne pas prévoir de réserve de cigarettes alors qu'on marche seul le soir dans la rue ne mérite pas d'autres qualificatifs que celle ci.
C'est pourquoi il a été décidé de ne pas poursuivre Christian Dupont pour cette attitude et de lui accorder le bénéfice du doute quant à ses sentiments profonds vis à vis des jeunes gens à qui il a refusé de tendre une clope la main.
Après enquête il semble avéré que le blessé n'a pas contacté lui même le malpensant à l'origine de la diffusion de ce fait divers et qu'on ne le poursuivra donc pas pour "diffusion d'informations susceptibles de rendre les gens méfiants vis à vis des diversités visibles errant en petites bandes (involontairement) désœuvrées"."
"Christian Dupont sera donc mis sous surveillance simple, mais laissé en liberté.
J'invite par contre la presse dans son ensemble à faire preuve d'une extrême vigilance et à éviter d 'informer sur ce genre d'affaires. Un certain nombre d'autochtones n'étant pas encore totalement préparés à accepter sans broncher la normalité d'une société en pleine mutation vers un avenir meilleur, nous devons rester vigilants. Vive la république et vive la France métissée d'un éternel futur "