En ce qui concerne la censure, nous avions jusqu'à présent quelque chose d’assez explicite et bordé par la loi.
Ainsi grâce à la loi Gayssot, personne n’avait le droit de nier la shoah (j’aurai aimé une loi pour interdire de dire qu’ Aménophis 3 n’avait pas été le père d’ Amenhotep IV parce qu’on ne sait jamais quels mensonges peuvent être inventés mais bon , on ne m’écoute jamais)
Grâce aux lois interdisant le racisme personne n’avait le droit de dire que les races étaient inégales (je pense que le mieux pour lutter contre le racisme serait que les victimes du racisme prouvent ce qu’elles savent faire afin de prouver que les autres ont tort mais, bon , personne ne m’écoute)
Ça a duré comme ça un petit moment et puis les choses sont devenues très très compliquées.
On s’est mis à interdire de dire qu’il y a des races, ce qui en soit pourrait être bien s’il n’était autorisé de défendre la race ( ou l’absence de race ?) noire quand on est noir.
On s’est mis à interdire toutes sortes de paroles qui concernaient les minorités visibles ou non mais sans nous donner vraiment les règles.
Et nous vivons maintenant dans l’implicite c'est-à-dire qu’il y a des règles du jeu, (forcement) mais qu’elles ne sont pas clairement indiquées, qu’on doit les deviner.
Nous sommes comme des spectateurs d’un match de football qui ne connaîtraient pas les règles et seraient obligés de déduire en fonction du comportement des joueurs et de l’arbitre quels sont les mouvements autorisés. Bien entendu au bout d’un moment on comprendrait qu’il ne faut pas mettre les mains sur le ballon, par exemple.
Pour notre histoire de censure c’est le même principe et seule la multiplication des exemples de ce qui se passe sur le terrain permet de comprendre les règles du jeu.
Le jeu est compliqué, et évolutif en plus, mais on peut retenir que la formule « c’est l’intention qui compte » est à prendre absolument au pied de la lettre.
Ainsi quand monsieur Lozes dit qu’il est « noir tout simplement »… il a l’intention de faire comprendre qu’il est noir et entend bien défendre les autres noirs. Bon.
Quand monsieur Zemmour dit à madame Dialo « vous êtes noire », même s’il n’ajoute pas « tout simplement » , il a l’intention de faire remarquer que madame Dialo n’ est pas de la même couleur que les gens qui ne sont pas noirs, qu’elle est différente : mauvais
Quand G Frêche avait fait remarquer qu’il n’y avait que des noirs dans l équipe de France (en ajoutant que cela prouvait que les blancs étaient nuls) il sous entendait qu’il aurait préféré que les blancs soient moins nuls, ce qui dans ce cas aurait diminué la proportion de noirs : mauvais
Quand un représentant des minorités visibles se plaint qu’il n y a trop de blancs dans les médias : il souhaite plus de gens de couleurs : bon
Si vous dites « les musulmans prient dans la rue», dans le cas ou vous souhaitez lutter contre l’islamisation votre phrase est mauvaise, mais si vous voulez qu’on construise des mosquées cette phrase est bonne.
Si vous dites « la plupart des délinquants sont noirs et arabes » mais que vous ajoutez ( même sans vérifier) que cette surreprésentation est liée à des conditions défavorables aux noirs et aux arabes, c’est que vous souhaitez leur faire obtenir de meilleures conditions. c’est Bon
Mais si vous tenez les même propos pour expliquer le rôle tenu selon vous par ces statistiques dans le comportement de contrôle de la police vous avez sans doute l’intention de dire que les policiers ont raison. C’est Mauvais. Vous êtes condamné.
On ne vous demande de compte, pas tant sur ce que vous avez dit, que sur ce que vous aviez l’intention de faire comprendre. Car en fait on peut dire absolument tout ce qu’on veut sur les noirs les arabes, les homosexuels, les juifs….etc absolument tout ce qu’on veut du moment qu’ on en pense du bien et que l’intention qu’on a est d’ induire chez l’interlocuteur une opinion favorable aux minorités dont on parle.
Et ça c’est une règle un peu difficile à exprimer… explicitement.
Ensuite, et bien on n’ en reste pas là. Ensuite, comme vous êtes condamné pour vos mauvaises intentions cela vous marque du sceau infamant de la catégorie « qui a de mauvaises intentions »… il est donc logique qu’on veuille vous interdire de parole (d’antenne par exemple ) par application du principe de précaution.
Pour le moment donc la mort sociale, en double peine, est souhaitée par certains pour ces délinquants de l’intention.
Et si ça ne suffit pas… qu’est ce qu’ « ils » vont faire ? Parce que cela semble vraiment … évolutif.