Paris, un après midi d’octobre. Le blond sort du musée Delacroix. Il est content de sa visite. Les plus beaux tableaux du peintre ne sont pas exposés là mais il y a plein d’esquisses, des souvenirs de l’artiste et la magnifique verrière qui lui servait d’atelier et que la lumière de l’après midi inondait ce lundi.
Quand il sort, le blond regarde autour de lui. Ses yeux passent sans vraiment se poser sur les façades, le décor, les passants.
Le blond est plutôt « beau gosse ». Il est mince, pas très grand, ses yeux sont clairs.
Dans sa main gauche un carnet de croquis, dans sa main droite celle d’une jeune fille.
La jeune fille est très jolie, les jeunes issus de la diversité visible lui en donnent une quotidienne preuve : « tein ! t’as un de ces culs ! eh mamselle, j’aime bien ton cul… » l’informent-ils quand elle passe le soir en rentrant chez son blond.
Là il est seize heures, ils se dirigent tous les deux vers leur station de métro.
Les gens qui passent regardent sans que les regards ne se posent. Juste les regards passent pour que les corps se croisent sans se heurter.
Le blond regarde ainsi et marche et son regard passe sans se poser. Soudain, des yeux sont croisés un peu plus loin en face, et le regard du blond est aimanté, comme forcé à se fixer et ça y est, oui, ça y est ,un bras de fer de pupilles a commencé et c’est le silence de la forêt.
Le mâle d’en face se rapproche, sans quitter des yeux l’adversaire, il le défie, son front se penche légèrement en avant, son regard perce droit devant, … y aura t-il combat ? Le mâle au carnet à croquis va-t-il baisser les yeux ? Les regards des deux mâles ne se quittent pas un instant, leur concentration est presque palpable,La distance entre eux se reduit...bientôt les deux animaux sont presque à se toucher, soudain, l’animal blond réussit à tourner les yeux sur le coté.
C’est fini ! Les bêtes se sont croisées et s’éloignent.
Tout a été très vite. Le combat cette fois ci n’a pas eu lieu.
Le blond se retourne ; il aurait aimé saisir l’autre au col et lui hurler « mais putain, mec c’est QUOI ton problème ? T’aimes pas Delacroix, hein c’est ça ! C’est ça ton problème ! Tu kiffes surtout les impressionnistes HEIN c’est CA !!!! »
Le mâle au carnet à croquis n’a pas grandi dans la foret, il va falloir qu’il aille avec son frère se muscler dans l’immense centre où les mâles de la forêt, tous les jours, s’entraînent, s’entraînent.