Monsieur et madame F ont une jolie maison. Pendant longtemps elle a été un des plus belles du village. Les gens ne manquaient pas de s’arrêter un peu admiratifs et parfois envieux devant tant de beauté et d’élégance.
Depuis, le temps a passé et n’a pas amélioré la bâtisse. Quelques fissures sont apparues de ci de là, les peintures des volets sont toutes défraîchies et la plomberie est à refaire. Le jardin n’ayant pas été entretenu correctement, on remarque beaucoup de bois mort sur les arbres anciens, et les arbustes les plus jeunes ont un peu de mal à pousser à cause de l’ombre.
Bref, ce n’est plus si joli que cela à voir et monsieur et madame F sont un peu désolés. Ils manquent un peu de moyens pour se payer un ravalement et ont trop mal aux articulations pour élaguer eux mêmes. Ce qui les gêne le plus cependant, n’est pas tant tous ces réels problèmes, que le fait qu’un certain nombre d’individus soient entrés chez eux et aient commencé à tout repeindre en vert.
D’aucun leur ont affirmé que le vert, c’est très joli. Monsieur et madame F n’en démordent pas : ça leur déplait et ils veulent que ça cesse.
En plus, ils ont découvert que la nouvelle peinture qui ne leur convient pas est très difficile à faire partir et que les ouvriers ont l’intention de s’attaquer aux fondations sans leur demander leur avis.
Monsieur et madame F commencent à se plaindre.
C’est là qu’intervient une sorte de professeur, de psychiatrie-politique probablement puisqu’il travaille dans un institut politique.
« Mais voyons », leur dit il, « vous êtes très malheureux parce que votre maison n’est plus aussi belle qu’avant. »
« Certes », lui disent les vieux « mais surtout et d’abord, on en a assez qu’on se permette d’entrer chez nous et qu’on repeigne les murs avec une couleur qui en plus nous déplait ».
« Ecoutez », les interrompt le remarquable diplômé, « vous êtes très tristes que plus personne n’admire votre demeure, qui a vieilli et pâti d’une comparaison peu flatteuse avec les jolis bâtiments contemporains qui depuis peu l’entourent. Vous avez un peu honte de l’état de votre terrain et êtes vexés de constater des écailles sur vos crépis. »
« Tout à fait monsieur », acquiescent monsieur et madame F, « mais pour le moment nous voudrions surtout avoir l’impression d’être encore chez nous. Peu nous chaut en réalité de nous faire remarquer des autres et notre petit intérieur douillet nous suffit.
Pour nous l’important c’est de préserver notre quiétude et nous pensons pouvoir d’autant plus facilement entreprendre quelques rénovations que nous nous sentirons chez nous bien en famille. »
« Je vois », conclue alors le professeur : « votre égo mis à mal se protège de son sentiment d’infériorité par une décompensation paranoïaque et je propose qu’on vous donne un calmant.
Vous prendrez un comprimé d’antibouc-émissérage matin et soir… traitement à vie.
Le monsieur derrière, celui tout en vert, va vous accompagner chez vous pour vous border. »
Si vous pensez que j’exagère, allez lire l’article d’un professeur de sociologie de l’ IEP d’Aix en Provence : ici
ps : à part ça, on a aussi des « copains » qui semblent trouver qu’en effet la maison est tellement moche que bof, un peu de vert, au point où ça en est….
Allez, je vous rajoute un des commentaires trouvé sous l’article du Prof :
- Par Mustapha - 01/03/2011 - 16:30
Très bonne article. Vous avez parfaitement résumé la situation. Une Europe qui a peur. Une France qui n'est plus que l'ombre d'elle même. La France est passée de centre du monde pendant presque 2 000 ans à obscure pays. Par définition, la peur empêche de se confronter aux vrais problèmes.