Juste au début de l'émission de France Culture intitulée "la fabrique de l'histoire" (et que je renomme in petto "l'usine de la propagande") l'autre jour, un géographe de grande renommée tenait une courte chronique.
Monsieur Jean-Robert Pitte, parla quelques minutes.
Son cours, très court, avait pour titre "Et la France, dans tout ça ?".
Je tendis donc une oreille patriotique car la question me semblait d'importance : "oui, c'est vrai, tout ça c'est bien beau dites donc, mais quand on voit ce qu'on voit et qu'on entend ce qu'on entend ma brave dame, on se demande : et la France dans tout ça, hein ? la France !"
Je me doutais forcément, rien qu'en entendant le titre, que ce n'était pas par hasard que la syntaxe de la question était tournée de manière à évoquer la mère Michu plus que le Général de Gaulle, et qu'on n'allait certainement pas me vanter "la France aux français" faribole totalement ridicule ( d'ailleurs qui aurait l'idée de dire la Tunisie aux tunisiens ? ah ah ah ) et surtout si démodée, mon dieu.
Je me doutais qu'on allait me parler "ouverture" "diversité" "tolérance" et me dire qu'il fallait "tolérer l'ouverture pour s'ouvrir à la diversité".
Bien entendu.
Mais nous n'en étions plus là.
Ce stade était déjà franchi, et le projet de monsieur Pitte, était de définir l'idée de "nation" pour mieux nous convaincre de la dépasser et de nous dissoudre.
Pour notre plus grand bien, évidemment, et pour celui des autres.
Autres qu'il était, de plus, question de dissoudre aussi, tant qu'on y était.
Mais, je vous rassure en vous précisant que , si monsieur Pitte voulait tout dissoudre, sa crise aigue de dissolution ne concernait que l'Europe.
J'en fus soulagée, car lorsque le brillant géographe affirma "il faut abandonner cette idée absurde de frontières aussi bien en France qu'en Europe d'ailleurs tant la volonté de les atteindre ou de les maintenir a fait couler de sang" j'ai craint un instant qu'il ne s'emballe et commence à vouloir dissoudre un peu n'importe quoi, la frontière entre l'Inde et le Pakistan, celle qui sépare le Niger de la Libye...des trucs comme ça... mais non, sa crise dissolvante était limitée.
D'où le professeur Pitte tenait-il de pareilles idées et qui les lui soufflait ?
Il le dit lui même en introduction, et pour nous mettre dans l'ambiance, appela pour construire sa démonstration, un dénommé Ernest Renan qui définit en 1881 la nation comme suit :
"Une nation est une âme, un principe spirituel. L'homme n'est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours de fleuves, ni de la direction des chaines de montagnes. L'agrégation d'hommes sains d'esprits et chauds de cœurs crée une conscience morale qui s'appelle une nation".
S'appuyant de tout son poids sur cette citation remarquable, notre monsieur Pitte passa rapidement sur la notion "archaïque et mortifère de droit du sol", nous informa qu'aujourd'hui encore "100000 étrangers sont naturalisés chaque année" mais que "malheureusement la bête immonde n'est jamais loin" (sic) avec sa tentation de "repli sur l'entre soi", ce qui rend "essentiel de nourrir cet idéal d'une solide culture , comme l'avaient compris les inventeurs de l'école laïque gratuite et obligatoire" et que donc...."il faut abandonner cette idée absurde de frontières..."
CQFE ! , ce qu'il fallait emballer !
C'est alors qu'une chose extraordinaire arriva, et que le fantôme d'Ernest Renan m'apparu et qu'il me dit :
"Se fiche un peu du monde, ce Pitte, bon, d'accord, j'ai dit que « Ce qui constitue une nation, ce n'est pas de parler la même langue, ou d'appartenir à un groupe ethnographique commun" mais j'ai aussi ajouté " c'est d'avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l'avenir… »
Alors c'est un petit peu facile de reprendre une partie de mes propos pour démontrer des choses que je n'aurai jamais dites ou pensé."
Je profitais qu'il était là pour demander au fantôme de Renan ce qu'il pensait de l'islamisation de la France.
"Oh" me dit-il " le plus grand mal : les musulmans, j'ai dit pas mal de trucs sur eux, et pas que du positif, vous pouvez me croire.
j'ai dit des trucs sur l'Islam, c'est pas croyable, on croirait du Pakounta, tiens, je me cite :
"L'islam est la plus complète négation de l'Europe. L'islam est le fanatisme..., L'islam est le dédain de la science, la suppression de la société civile ; c'est l'épouvantable simplicité de l'esprit..., rétrécissant le cerveau humain, le fermant à toute idée délicate, à tout sentiment fin, à toute recherche rationnelle, pour le mettre en face d'une éternelle tautologie : Dieu est Dieu""
Mais alors, cher Ernest, lui dis-je vous pourriez carrément faire partie du forum de Renaud Camus ?
"Dés que les fantômes y seront admis j'y compte bien !"
Je me tournais alors vers ma radio : elle avait disparu, elle s'était probablement dissoute