Je ne me lasse pas des débats et des confrontations qui opposent sans cesse les représentants de la bien pensance aux nauséabonds divers et variés, ou pour faire simple, les « gauchistes » aux « droitistes »
Les arguments s’affrontent, fréquemment assez violemment et je suis frappée de voir à chaque occasion qu’aucun consensus n’arrive jamais à émerger quelle que soit la qualité des intervenants dont certains propos ne manquent pourtant pas de pertinence dans les deux camps.
Mais peut-il y avoir quelque accord, à quelque stade du débat, alors même qu’il me semble que les uns et les autres ne parlent tout simplement jamais de la même chose.
Il me semble, même si c’est simplification, que les gauchistes disent « ceci est mal » quand les droitistes affirment « ceci est vrai ».
Ils nous accusent de manquer de moralité, nous les accusons de manquer de réalisme.
Ils avancent l’argument que la morale est essentielle et parfois cela suffit à faire taire leurs contradicteurs car l’argument est fort.
Mais, je voudrais ici leur faire remarquer (au cas ou quelques uns s’égareraient sur ce modeste blog) que la seule morale qui importe est celle qui intervient sur des réalités.
A quoi servent des valeurs morales qui reposeraient sur des mythes ou des erreurs ?
Ne faudrait il pas se mettre d accord sur le réel et ,ensuite seulement ,nous pourrions discuter du bien.
Imaginons ainsi qu’une étude démontre que les pommes sont cancérigènes.
La seule question qui vaille est : est-ce vrai ?
Les seules questions légitimes portent sur l’étude elle-même, sa méthodologie, sa rigueur.
Si méthodologie et rigueur sont respectés, alors c’est sur ce qu’on va faire des conclusions qu’on peut et doit discuter. Qui doit éviter les pommes ? Comment éviter les pommes ?
Alors, et seulement alors, la morale peut intervenir et on pourra débattre entre diverses propositions, diversement respectueuses de l’éthique :
- Interdiction totale et définitive de la consommation de pommes (si la santé publique compte davantage que la liberté)
- Autorisation des pommes mais accompagnée d’une information afin que le citoyen libre et responsable puisse librement s’empoisonner ( si la liberté compte plus que la santé publique)
- Destruction des pommiers, extermination des personnes qui en planteraient et des gens qui en distribueraient en cachette. ( si la santé publique compte plus que tout)
La proposition 1 est très autoritaire. La 3 est totalitaire. La 2 est probablement peu efficace…
Or, le raisonnement gauchiste me semble être le suivant :
- Informer ferait peur aux gens qui en mangent
- Interdire ruinerait ceux qui les cultivent
- Ça me plait de manger des pommes donc ça m’ennuie qu’on dise que c’est dangereux
- Oh , mon dieu, my god, si on en parle les « gens » choisiront la proposition 3 !!!
Et l’empire du bien de conclure : les conclusions de cette étude ont des conséquences mauvaises.
Interdisons les conclusions des études sur les pommes ou même interdisons les études sur les pommes.
Mangez des pommes.