"Guéant a osé" ! "Guéant " aurait dit "", "Guéant a déclenché une vive polémique en déclarant que toutes les civilisations ne se valent pas."
On s'indigne, on proteste.
Madame Duflot par exemple trouve ces propos " abjects" , rien de moins !
Abject....
Petit souvenir :
Il y a quinze ans, déjà, alors qu'à l'époque, déjà, je n'étais déjà plus dans mes folles années de jeunesse (c'est triste, oui), j'avais décidé d'augmenter les déficits publics de la France en posant ma candidature à un concours de la fonction publique, dans la série " sur épreuves".
Cette folie fut suivie quelques semaines plus tard d'un interrogatoire musclé ( moralement s'entend) que dix clampins surdiplômés me firent subir dans les locaux d' un ministère.
(J'admets avec le recul, que l'état indécent de délabrement de la salle d'attente où étaient entassés les candidats aurait du me faire prendre conscience qu'en postulant je participais à mener mon pays à sa perte...mais c'est ainsi).
Je découvris bientôt, avec surprise, car je suis très étourdie, qu'en réussissant ces épreuves, j'avais gagné le droit, voire le devoir, d'être hébergée pendant une année entière dans un endroit bourré de gauchistes, placés là pour me former à mes nouvelles fonctions et me reformater à leur manière.
J'ignorais à l'époque que j'étais d'extrême droite et c'est donc avec confiance que je repris le chemin de l'école, bien disposée en plus, cette fois, à oublier mes mauvais comportements de gamine, et à endosser avec une certaine soumission les habits de la bonne élève.
Le but de cette formation, n'étant pas de me mettre en situation d'exercer mon esprit critique, j'avais simplement l'intention de bien tout écouter, et de bien tout apprendre.
L'honnêteté m'oblige à reconnaitre que de nombreux cours et autres conférences étaient assez bien faits et qu'ils m'ouvrirent à des domaines de connaissances nouveaux, des horizons inconnus vers lesquels j'étais prête à suivre les enseignants comme des guides en foret amazonienne.
Oh qu'ils étaient beaux, oh qu'ils étaient jolis tous ces sociologues !
L'un d'entre eux, le plus laid, me fut presque immédiatement antipathique et je sentis bien vite que notre inimitié était parfaitement réciproque.
Je me taisais pourtant et écoutait bien concentrée, ce gros goujat dont tous les cours pouvaient se résumer en une seule phrase " la société est pourrie et les inégalités insupportables". Tout problème, toute question se résumait à ce constat simpliste. Dans le silence appliqué de la salle de cours, mon regard qui se voulait tout à fait neutre devait involontairement laisser transparaitre un agacement, car celui de l'enseignant se fixait parfois méchamment sur moi, comme pour dire " tiens, prend toi ça petite peste".
Je ne disais rien, jusqu'au jour où, lors d'un de ses cours de gauchisterie et ses leçons de "tout se vaut alors vous vous prenez pour qui, hein, tous autant que vous êtes" (nous étions tous des bacs plus truc, avec plus de trucs que lui), monsieur Groscon (il était gros) aborda le magnifique sujet du relativisme culturel et entreprit de nous faire savoir que toutes les traditions sur cette terre méritaient respect, voire admiration, surtout et plus encore, quand on parlait des civilisations qui n'étaient pas la nôtre.
Je me forçais alors à prendre pour la première fois la parole, et, un peu en tremblotant (c'était bien avant ma période Dixie) lui dit que j'étais en désaccord avec lui au moins sur le sujet de certaines coutumes, telles l'excision, et l'infibulation plus encore, qui me semblaient non pas respectables mais vraiment écœurantes.
Groscon me fusilla du regard, silencieux un instant, puis ricanant me répondit ceci : " Ah ah ah ! Voilà l'exemple type de la petite blonde occidentale, celle qui ne comprendra jamais rien à rien !" et ajouta en souriant d'un air volontairement grivois " Que savez vous ? hein ? vous ! Que savez vous de leur plaisir ....que savez vous du plaisir de la femme africaine ?"
L'argument (!) me laissa sans voix.
Mon sens de la repartie n'était pas au niveau de ce qu'il est aujourd'hui...
Le cours reprit comme si de rien n'était et tout le monde se remit à prendre des notes avec un air un peu indifférent.
Maintenant je sais. Je sais que ce n'est pas UN groscon que j'ai croisé à cette époque, mais que c'est LE groscon, THE asshole, l'essence même de la grosseconnerie, l'ADN abjecte du toutsevaut qui pourrit tout ce qu'il y a de mieux, qui fait que la cruauté ose prendre le visage de la tolérance, que tout perd sens au nom de l'extrême subtilité, que les fous sont lâchés et qu'ils conduisent.
Eh Ducon, si tout se vaut, alors l'opinion qui affirme que tout ne se vaut pas, vaut celle qui affirme que tout se vaut.
(oui, c'est l'esprit de l'escalier, dommage )