Déjà, ça m'était reproché dans les petites classes : "fautes d'inattention ! "disait la maitresse.
Et c'était vrai, car bien souvent, j'oubliais des pluriels ou des virgules et me retrouvais régulièrement avec de mauvaises notes en dictée et en calcul.
C'est ce même défaut d'attention, cette étourderie, qui m'a souvent obligé à revenir en arrière, récupérer une écharpe ou des clés, illustrant parfaitement la phrase "quand on n'a pas de tête, il faut des jambes".
Cette façon dont on peut ne pas remarquer un détail dans une copie, ou ne pas penser en partant, à récupérer ses affaires pourtant bien en évidence, montre bien, par une sorte de démonstration en négatif, qu'on ne voit que ce que l'on cherche à voir.
Cherchez systématiquement si les sujets sont au pluriel....et vous n'oublierez pas les "s" et les accords.
Faites le point systématiquement avant de partir....et vous partirez avec toutes vos affaires.
Où veux-je en venir ?
Au fait que la vision n'est pas une chose passive qui consiste à rentrer automatiquement des images dans sa petite ou grosse tête, mais bien une action dans laquelle la conscience et même la volonté interviennent. Pour bien voir, il faut faire "attention" et les étourdis le démontrent involontairement.
Ainsi, pendant des dizaines d'années, j'ai, comme de nombreux français je crois, été complètement étourdie, donc aveugle, à la réalité du remplacement de population.
Pendant des dizaines d'années, j'ai, comme de nombreux français, été inattentive à ce phénomène et je l'ai négligé parce que ne n'avais pas du tout appris à lui donner de l'importance.
Je ne remarquais pas les "renois", ni les "rebeux", tout simplement ! et ce par distraction, par insouciance.
Comme tous ces témoins dont les témoignages sont si peu fiables, je ne retenais de mes croisements avec les diversités, que les particularités de la rencontre qui n'avaient rien à voir avec la race ou l'ethnie, et si je parlais d'un individu et qu'on me faisait remarquer qu'il s'agissait d'un arabe, je levais les sourcils "ah oui, tiens, maintenant que tu le dis...".
Je crois bien que je n'étais pas du tout raciste....comme la plupart de mes compatriotes, parce que j'était inattentive à la diversité.
Je n'étais pas xénophobe... ni xénophile non plus, car je croyais que l'origine des gens n'avait tout simplement aucune importance.
Il faut aussi dire qu'à l'époque, les diversités n'aidaient pas à me rendre attentive, ils n'étaient pas déguisés, par exemple en musulmans, et se fondaient dans le décor si bien que leur "différences", dorénavant revendiquées, ne s'imprimaient que dans ma vision périphérique, aussitôt vues aussitôt oubliées.
Comme ils ne revendiquaient pas en permanence leur droit à musulmer, à trier le pur de l'impur, à se plaindre de leur pays d'accueil, je n'avais pas appris à faire attention, je ne les voyais pour ainsi dire pas, ne voyant en eux que des individus identiques aux autres.
J'en croisais pourtant bien sûr à l'occasion, et même assez fréquemment, mais comme un témoin auquel on demande comment était vêtu tel individu doit se concentrer pour retrouver une information qu'il n'a pas vraiment pris en compte, c'est à posteriori que j'ai pu dire : oui, j'ai bien eu affaire à des immigrés africo-maghrébins.
Te souviens-tu du peintre qui ne comprenait aucune consigne au moment des travaux dans la cuisine et à qui , stupidement, nous avions quand même demandé s'il connaissait un bon plombier ?
Oui, c'était une sorte de Lozes et il ne conseillait que des noirs.
Te rappelle-tu de cet entrepreneur qui nous promettait monts et merveilles et dont les malfaçons et le manque de fiabilité nous ont presque désespérés ? absolument ! lui et toute son équipe priaient cinq fois par jour.
Et la fois où notre petit dernier s'était fait molester à la cantine ? ah, oui, maintenant que tu le dis...
Et l'état du deux pièces squatté et finalement récupéré au décès de ma mère ? mais oui, ça aussi...
Et le type menaçant descendu de sa voiture ? effectivement....
Bref, je crois que pour beaucoup d'entre nous, l'immigration de masse s'est faite presque à notre insu parce que nous avons été inattentifs, tant l'idée de faire attention à l'origine des gens nous était étrangère. Notre vue brouillée ne remarquait pas ces détails.
Maintenant, oui, c'est vrai, notre œil est aguerri et nous avons appris à regarder et à tenir compte d' éléments jusqu'ici négligés.
Comme le dit Caldwell, dans son remarquable essai "Une révolution sous nos yeux" : « L’Europe est devenue une société multiethnique dans un moment d’inattention »
Je me reconnais bien dans ces propos et , si mon absence de "racisme" n'était mais pas vertu mais tout simplement négligence, ma "xénophobie"( très sélective) et mon islamophobie (très revendiquée) sont-elles vraiment vices ?
J'ai juste l'impression d'avoir appris à faire attention, et à la demande ou sous la pression même de ces gens que dorénavant je remarque.