Parfois, je comprends les bisounours.
Je les écoute, je les entends et je conçois l'espoir qu'ils ont d'un monde pacifique qui ressemblerait à une sorte de marché, avec des stands de toutes les couleurs, où se côtoient gaiement des étalages de produits régionaux et d'autres plus exotiques.
Quelle sensation de liberté pour les consommateurs que d'avoir le choix entre une choucroute et des kebabs, de pouvoir acheter des pommes puis des dattes fraîches, de faire suivre l'acquisition d'une paire de charentaises par celle d'une paire de babouches en faisant seulement quelques pas. Voyez toutes ces produits du monde, comme ils cohabitent pacifiquement.
Je lis dans leurs yeux, aussi, le plaisir moins matérialiste qu'ils ont, à traverser un campus rempli d'étudiants de toutes origines ou à admirer la variété des couleurs du public qui se déplace lors de n'importe quelle manifestation culturelle (du moment qu'elle est d'un genre "sympa"). Cette vision des variétés humaines se pressant dans une même recherche de savoirs ou de divertissements n'est elle pas le symbole et la preuve qu' il n'y a qu'une humanité, dirigée d'un même pas dans la direction du progrès ?
C'est que mon bisounours n'est pas méchant, bien au contraire : il souhaite que le monde entier se mêle, pour que nous partagions les savoirs et les légumes sur une terre unifiée où aucune guerre ne sera désormais plus possible tant les interactions seront profitables à tous les terriens.
Ce grand métissage, cette disparition des frontières et même des nations, ce grand marché de la soie, des épices, des étudiants et des familles qui donnera accès à tout, à tous, partout, leur semble être l'avenir de l'humanité.
J'ai presque une sorte de gène à venir ici argumenter contre leur rêve, à risquer d'en démoraliser un qui passerait, par hasard sur ce blog, comme tant d'autres qui, cherchant "Pierre Perret censuré ", sur un moteur de recherche, ont atterri ici^^
Mais, bon, tant pis pour eux, je ne peux pas m'empêcher de leur dire qu'ils sont bien gentils mais qu'ils oublient deux choses essentielles.
La première est bien entendu que rien malheureusement ne prouve que les sociétés multiculturelles puissent cohabiter en paix indépendamment du nombre ou de la variété des différentes cultures en question, et que donc le grand métissage a toutes les caractéristiques d'une expérimentation à grande échelle dont le résultats sont non seulement très aléatoires mais extrêmement risqués si l'on en croit les petites expériences de ce genre qui ont été essayées ailleurs ou en d'autres temps.
La deuxième, et qui semble plus essentielle encore, est le fait que pour qu'un métissage et un mélange total de l'humanité ait une minuscule chance de réussir, il faudrait qu'il soit généralisé, c'est une évidence.
Vous devriez, chers bisounours, n'applaudir la disparition des nations en Europe et l'islamisation au moins partielle de nos sociétés, que si, et seulement si, en parallèle à cela, nous assistions à une disparition des nations qui entourent l'Europe et à une dés-islamisation des pays musulmans.
10 % d'européens musulmans....la belle affaire....si le nombre de chrétiens, d'athées et de juifs progressaient dans ces proportions dans le monde arabe.
25 % de nourrissons africomaghrébins en France....et pourquoi pas, si 25 % des bébés congolais ou tunisiens étaient dorénavant d'origine Européenne...
L'intérêt d'une telle évolution ne serait pas encore prouvé, mais elle aurait le mérite au moins de constituer une véritable expérimentation de métissage généralisé.
Il n'en est rien, bien au contraire.
Car les deux mouvements parallèles vont dans le même sens :
Nos pays d'africanisent et s'islamisent pendant que l'Afrique noircit et que le Maghreb perd les unes après les autres toutes ses diversités relatives.
Il ne s'agit donc pas d'un métissage généralisé et d'un mélange des religions mais d'un déversement chez nous, et chez nous seulement, des surplus Africomaghrébins qui viennent se mélanger ici, et ici seulement, et importent leur religion dans le même temps qu'ils détruisent chez eux toutes les autres.
Le fameux métissage, le mélange n'a lieu que sur un des bords de l'assiette, transformé en omelette pendant que d'autres œufs durcissent en gardant leur coque, un peu plus loin.
Bon sang, les bisounours, regardez un peu plus loin que le bout de votre mignon nez !
http://ericzemmour.blogspot.com/2011/10/la-chronique-z-comme-zemmour-du-13.html