Psychanalyse d'un chien d'infidèle ?
Etant par formation professionnelle très intéressée par les maladies émergentes, et par tempérament particulièrement passionnée par la psychiatrie, c'est avec beaucoup d'attention que j'ai commencé à lire votre article sur l'islamoparanoïa.
Vos références à Lacan, m'ont immédiatement indiqué, que je n'avais pas affaire à un article sérieux, bien qu'il se présente comme tel, mais bien à une de ces pseudo réflexions, dans lesquelles le pédantisme des termes ( ah ah, la fameuse "forclusion du nom du père"!) dissimule une pensée qui s'affranchit du réel tout en affichant une ambition quasi scientifique.
Ne manque à votre démonstration qu'une de ces formules pseudo-mathématiques abracadabrantesques avec lesquelles votre maître à penser hypnotisait des foules, non pas de jeunes scientifiques, mais d'étudiants en psycho ou en lettre modernes.
A l'instar de la plupart des théories psychanalytiques, y compris les plus folles, votre démonstration possède une logique interne, et votre théorie d'une psychose qui se serait développée en Europe est joliment argumentée.
Le seul problème, mais il est essentiel, est que votre axiome de départ étant faux, la logique qui en découle n'a pas d'intérêt pour décrire le réel et est en fait semblable à la logique de certains délirants : c'est un rationalisme morbide[i].
Si l'identité de l'Europe n'était effectivement pas menacée, par le remplacement en son sein des populations de culture européenne par des populations de culture étrangère, le sentiment de menace des européens quand à leur identité ne correspondrait pas à un danger réel, serait donc fantasmé, et l'Europe malade de son fantasme pourrait s'adresser à vous.
Il n'en est rien.
Le grand remplacement des peuples européens est bien amorcé.
La présence, chez nous, de populations de culture absolument différente de celles des natifs, et qui souhaitent vivre en occident tout en tenant à y maintenir et à y développer leur culture non occidentale, est une réalité constatable[ii] et dont vous semblez parfois, étrangement, être vous même conscient, puisque vous paraissez admettre que l'Islam que nous rejetons, est dorénavant constitutif de notre nouvelle identité.
Un greffe a donc eu lieu : les musulmans ont pénétré le corps social, s'y développent sans vouloir s'y fondre, et constituent bien l'équivalent d'un nouvel organe, manifestant même parfois un désir de fonctionnement autonome[iii].
S'il y a donc bien une maladie, nous ne sommes pas en présence d'une maladie de la psyché mais bien d'une maladie du corps.
Qu'un bien portant qui se croit malade puisse s'amuser à consulter des psychothérapeutes lacaniens, pourquoi pas.
Mais le patient à qui un chirurgien fou a rajouté un greffon visiblement incompatible n'a que faire d'une cure psychanalytique.
Il lui faudra choisir entre un traitement assez radical et douloureux ou une mort lente (et douloureuse ). Et s'il a besoin d'une aide psychologique, c'est uniquement pour traiter l'état de
déni dans lequel malheureusement il arrive qu'il se complaise. J'ajoute donc à mon courrier ceci, qui intéressera peut-être le psychothérapeute que vous prétendez être ( pièce jointe : la réalitophobie maladie émergente? ).
[i] rationalisme morbide : jeux stériles d'une raison qui tourne à vide et se replie sur elle-même au lieu de s'appliquer aux situations concrètes et d'en résoudre les problèmes