Je vous parle d’un temps que les moins de 6 mois ne peuvent pas connaître. C’était autrefois, en août 2010, j’avais passé une journée entière en joute verbale sur le forum de Marianne 2.
J’avais affronté un gauchiste particulièrement tenace et pendant des heures nous avions échangé sans relâche, reprenant chacun à notre tour, point par point, chaque argument de l’autre pour le détruire. Quand vint la fin d’après midi et du « débat » (que je considère avoir gagné puisque j’avais réussit à pousser ce Besancenotiste à exprimer son dégoût du fondamentalisme musulman au point qu’un lecteur cru que nous étions deux islamophobes qui faisaient la paire ah ah ah ) je me dis que je ferai mieux de faire mon propre blog pour y déblatérer plus au calme, et je l’avoue pour éviter de perdre quelques farces dans les poubelles où finissent tous les commentaires de journaux.
Depuis je me régale absolument, même si je suis un peu déçue que mes ennemis ne m’adressent à peu près jamais la parole ici.
Ne faire aucune modération des commentaires et n’avoir pour ainsi dire aucun troll gauchiste reste un mystère pour moi et je l’avoue une déception.
On ne m’insulte même pas par mails et pour le moment je n’ai reçu les doléances que de deux mécontents. Le premier qui me demandait de bien vouloir laisser sa religion de paix en paix et de me consacrer à des causes bien plus importantes dans le monde : en l’occurrence la lutte contre Sarkosy, individu qui comme chacun le sait aura une influence considérable sur l’avenir du siècle et des générations futures.
L’autre pour me demander de retirer son célèbre nom d’un de mes billets. Le cher voulant la célébrité, mais seulement pour être plaint.
Mais bon, pour en revenir à ces six mois passés, je me souviens bien qu’en ce temps là la parole était totalement verrouillée au point que les mots comme « immigration » ou « personne d’origine immigrée » étaient interdits sur les antennes. J’avais même fait un billet à l’époque qui surprend par son manque d’actualité et me permet de visualiser le chemin parcouru. Quelle joie de constater que mon article du mois d’août a tant vieilli.
Et oui, vous rappelez vous que jadis, l’année dernière, la circonlocution pour parler des coranophiles et des dealers de quartiers était indispensable en préalable à toute intervention en tout lieu public, fut-il le coin des commentaires des journaux en ligne.
Maintenant au moins les faits et les gens peuvent être parfois nommés, et, même si l’échec du multiculturalisme récemment admis par nos dirigeants européens nous est encore souvent attribué, un embryon de débat semble enfin autorisé .Le couvercle de la marmite a été ouvert et ne pourra plus jamais être refermé, les fumées brûlantes qui s’en échappent en condamnent l’accès.
Ceci dit, il y a encore du travail pour que les gens ne se sentent plus surveillés en permanence, pour leurs paroles, voire leurs pensées. Des décennies de subtile censure entravent encore leurs témoignages, qu’ils ont l’habitude de taire ou de n’évoquer qu’avec la prudence d’un marcheur au bord d’un ravin.
Voici une petite anecdote très récente, à moi racontée par un de mes amis médecin :
A la fin d’une consultation, il demande à la patiente: « Et à part ça, comme ça va madame trucmuche ? »
« Oh ben pas si bien, docteur », lui répond la dame, « c’est qu’en ce moment dans le quartier c’est de plus en plus dur. »
« De plus en plus dur ? »
« oh oui,… faut vous dire que ça a bien changé. Maintenant on a plein de trafic et ça amène du vilain monde docteur. Et puis ils font du bruit et on peut rien faire. »
« Ah boooon ? Mais qui est ce qui fait du trafic madame Trucmuche ? »
« Oh, ben, vous savez docteur, des jeunes, comme on dit euh….dès qui traînent.. »
« Des jeunes ? »
« Ben oui docteur, des jeunes qui traînent euh, qui trafiquent, quoi… » Ajoute-elle, gênée
« Vous voulez dire des Rabzis ? »
« Ooh…. Oohhhhh docteur !... oh ben oui alors !... mais on a pas le droit de le dire. » Ajoute la dame inquiète dont les joues s’empourprent.
« Et bien madame Trucmuche ici c’est un cabinet médical et vous avez le droit d’y parler absolument librement. » lui répond sur un ton très sérieux mon ami.
Et la dame de soupirer de soulagement : « oh ben ça alors, vous alors docteur ! Et ben merci docteur, vraiment, merci ! »